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DESSINE MOI UN SOURIRE

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 DESSINE MOI UN SOURIRE

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Luce
Luce
✩ VOLEUSE D'ÉTINCELLES ✩
♡ messages : 850
♡ date de naissance : 07/01/1997
DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptyMar 21 Juin - 18:11

j'ai un peu mal à la tête. j'ai un peu froid aux pieds, aussi. parce qu'ils sont là, dans l'eau, à danser, tous seuls comme des cons. seuls comme moi ou bien cons comme moi, aujourd'hui je sais pas. le soir commence à se dessiner dans le ciel, des trainées oranges déchirent cette étendue bleue. c'est joli, quand la nuit tombe mais pas trop, un entre les deux, un peu après le jour, mais toujours avant la nuit. quand lune et soleil se battent, quand l'orange se mêle au bleu qui nique les yeux, quand la nuit est en pleine chute, qu'on sent qu'elle va tomber pour tout envelopper mais qu'elle réussit encore à se rattraper, quelques instants.
j'aimerais bien qu'on me rattrape, quelques instants aussi. pourtant je tombe encore, et ça fait siffler mes oreilles, ça ride le coin de mes deux yeux et ça rend mes mains toutes fripées. c'est vraiment pas joli, de tomber, parce qu'on sait jamais quelle heure il est puisque souvent, le noir s'est inscrit dans nos prunelles depuis longtemps. en plus, j'entends plus vraiment les rires et les cris, puisque ça siffle vraiment très fort.
mais là, ça va encore. je crois. je crois que ça va. en tout cas je ne pense pas à grand chose, à part au ciel qui est beau, orange comme ça, et à la chute qui me rattrape jour après jour. d'habitude, je pense à plus que ça, alors ça va.
ma main droite joue sur la pierre grise, ça abime un petit peu mes ongles mais ils l'étaient déjà. j'ai du rose sur les doigts parce que tout à l'heure, j'ai peint. ce n'était pas très très joli, je crois, mais ça m'a vidé le cœur et les bleus de mon âme sont devenus rosés. et comme ça allait mieux, je suis partie marcher, je suis partie marcher sur ma vie ridicule, piétiner les sentiments bien comme il faut jusqu'à ce qu'ils soient bien en miettes. je suis partie marcher, avant d'aller bosser dans un kebab tout aussi ridicule, pour me rafraichir les idées. et puis je me suis assise au bord de l'eau, et c'est pour ça que mes pieds dansent tous seuls comme des cons et que ma tête pense. je regarde ma montre mais je l'ai oubliée. alors je détourne le regard et il se perd entre les gens, pour vérifier que personne ne m'ait vue regarder le rien à mon poignet. puis j'hausse les épaules parce qu'en fait, je m'en fous. c'est ça maintenant, ma vie, un tas d'inquiétudes, pour un rien et pour tout, alors que finalement, oui, je m'en fous.
mon regard s'arrête sur une fille qui dessine. je ne vois que ses cheveux (clairs) qui valsent le long de sa mâchoire, de ses joues, et son crayon qui gratte sur une feuille de papier, sans s'arrêter, jamais.  
et sur le moment, je décide qu'elle est gentille et que moi, j'suis sociable. la première affirmation est sûrement vraie, et la seconde sûrement pas. comme elle n'est pas très loin de moi, je n'ai qu'à me décaler un petit peu pour pouvoir regarder au dessus de son épaule, furtivement. sur la feuille, il y a une fille un peu triste.
- tu devrais lui dessiner un sourire.
et puis je lui souris, moi aussi.  
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Babane
Babane
♡ poisoned youth ♡
♡ messages : 102
♡ date de naissance : 07/03/1994
DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptyVen 24 Juin - 12:25

Le bleu de l'eau, les ondulations parfaites des vaguelettes qui frappent doucement contre le bitume gris un peu troué, le clapotis qui en est rejeté. Les cris affables des mouettes impolies aux poissons courroucés. Les nuages blancs qui rosissent à cause du couchant du soleil, accompagné de ses rayons qui s'évaporent dans leurs derniers instants de vie de la dure journée qu'ils ont essuyée. Comme ces pêcheurs au dos courbés, aux reins fatigués. Les hanches cernées par un tablier en plastique, ils déballent leur marchandise, comme tout les soirs ils le font. Certains osent crier victoire sur leurs bateaux, car ils ont attrapés de beaux poissons, mais sans doute font ils fausse route, les acheteurs recherchent la qualités, non pas la quantité. Aussi, le pavé martelé par les roues des vélos, des voitures et souillées par le gaz qui s'échappe du pot d'échappement. Les restaurants aux vitrines qui possèdent leurs traces de doigts quotidiennes, et les panneaux publicitaires aux enseignes qui grésillent et s'éteignent un peu. Les arbres aux branches secouées et aux feuilles qui tombent dans l'eau salée du vieux port, côtoyant les algues vertes. Le chat de la voisine qui miaule et qui quémande quelques caresses aux badauds de la ruelle marchande, aux peintres de la jetée, mais aussi aux servants de la pizzeria. Les pigeons qui se disputent avec les corbeaux, les chiens qui sont réprimandés par leurs maîtres, les personnes âgées qui tiennent la main de leurs petits enfants, un sourire sur le visage, les éclats de rire de ces enfants, et les pleurs d'un bébé qui fait tomber sa glace. La mousse verte douce qui colonise la pierre humide, frappée par les gouttelettes de la pluie et de la mer. Tout cela, oui, tout cela, on ne prend pas la peine de l'observer comme il se doit, on le regarde, et on jette ce souvenir à la poubelle comme une ordure périmée, comme une sale chose qui ne servira plus jamais. Ces choses, pourtant, savent façonner le bonheur instantané. Le bonheur seul, comme on dit, on s'en rend compte quand il n'est plus là. Toutes ces belles choses, elles fabriquent un bonheur qu'on essaie de garder, mais il nous échappe, et on lâche prise. On ne s'en souviendra plus, après. C'est comme un caillou qu'on jetterait dans la mer. Des fois, ça nous reste, ça nous tord les tripes, et puis le lendemain, c'est comme si ça avait eut lieu il y a plusieurs siècles. Je pense. Je pense à tous ça. Je prends mon crayon, et j'esquisse une fille. Inconnue. Je n'hésite pas, parce qu'hésiter, dans le fond, c'est renoncer. Pour moi. Pour elle, la fille qui est sur la feuille. Je la regarde tout en continuant de lui donner des traits. Je lui parle, intérieurement. Des choses du style est-ce que pour elle, il fait beau, est-ce que les oiseaux chanteront toujours lorsque je ne la reverra plus, toutes ces choses inutiles qui nous font passer pour des imbéciles dans notre vie. On a l'air un peu empotés, un peu à l'écart, on a pas le cran, on a pas les tripes, on se contente de peu, mais on parle à nos créations, car elles seules naissent de nos mains pour devenir des personnalités, des personnalités qui sont dépendantes de nous, nous qui n'avons pas forcément énormément d'amis. Je lui trouve un air triste, à la jeune fille couchée sur le papier. C'est vrai, elle n'a pas l'air dans son assiette. Je sens une présence dans mon dos. Je sais que c'est une jeune fille, car elle est arrivée sans faire beaucoup de bruits et la manière dont ses semelles claquent sur le sol m'indiquent que ce n'est pas un garçon. Je sais également qu'elle regarde ce que je fais.
- tu devrais lui dessiner un sourire.
A ce moment, je cesse de dessiner. Je commençais la commissure de la lèvre sur mon esquisse. Un sourire ? Je détaille la jeune fille. Elle est belle, me dis-je. Et elle me sourit. Un sourire ? Oui, c'est vrai. Je lui dessine donc un sourire, après avoir bien observé celui de la personne qui venait de m'adresser la parole. Je reproduis le même. Et je me tourne vers mon interlocutrice, souriant à mon tour.
- c'est vrai qu'elle semble moins peinée. c'est quoi ton nom, douce demoiselle ?
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Luce
Luce
✩ VOLEUSE D'ÉTINCELLES ✩
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♡ date de naissance : 07/01/1997
DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptySam 25 Juin - 19:36

la main s'arrête de dessiner, tandis que la culpabilité m'emplit. et si un sourire gâchait ce dessin ? et si les deux prunelles tristes de la femme couchée sur la papier en avaient assez de mentir, d'afficher un bonheur certain alors qu'il n'en est en fait rien, de montrer leur cœur alors qu'il est meurtri ? et si la femme, elle, avait eu envie de pleurer à tous petits sanglots, les sanglots d'une enfant, d'une enfant coincée dans un bout de papier froissé qu'on finira par oublier, juste parce qu'on oublie tout ? et si elle avait eu envie de laisser couler son âme le long de ses deux joues, de laisser couler les perles d'une pluie salée, échos d'une tempête qui ravageait son esprit depuis, combien de temps ?
je m'en veux beaucoup, de me mettre à la place des gens, comme ça, tout le temps. parce qu'après tout, les gens ne sont pas moi, l'hypocrite, la menteuse d'un soir, d'une nuit, la menteuse de toute la vie. celle qui sourit mais qui voudrait pleurer, celle qui parle mais qui ne raconte pas, celle qui regarde mais qui ne voit pas. celle qui existe, mais qui ne vit pas.
mais l'artiste, elle, tourne la tête et puis me sourit, d'un sourire franc et vrai, d'un sourire de vie. des étoiles dans les yeux et puis des fleurs au cœur, et ses cheveux qui volent autour de sa mâchoire blême. et comme elle sourit, moi, quelques instants j'oublie l'idiote que je suis. j'oublie que mes idées s'enfuient pour s'immiscer lentement dans le cœur des gens, comme un poison trop doux, trop lent. j'oublie que moi, j'inscris le noir dans les prunelles, à cause des miennes qui sont vides. j'oublie que moi, j'inscris la nuit dans les vies. et quand j'y repense, là, je crois que c'est beau, d'oublier comme ça, de s'oublier soi. quand j'y repense, là, je crois que j'aimerais être une autre, une autre que moi. j'aimerais être amoureuse des mots, apprivoiseuse de maux, avoir des fleurs dans les cheveux et des galaxies dans les yeux. j'aimerais avoir la voix comme une chanson, les paroles comme un air de violon. mais à moi, mon visage est blême et puis ma peau fade, et mes yeux sont d'un marron banal, et les seules étoiles qui y brillent parfois sont celles créées par mes larmes amères.
c'est pour ça que cet oubli là, il n'a pas duré, et que je me suis vite rappelée l'idiote que j'étais.
je crois qu'une ombre est passée sur mon visage, comme la nuit qui tombe et engloutit le jour de son voile trop sombre. alors je regarde la lune qui est apparue, pâle et aveuglante, et ses reflets brillants valsent sur ma peau, et puis cache tout ce noir qui s'y était inscrit. mes yeux se baissent de nouveau sur la fille sans prénom, et je souris un peu plus fort, alors que mon cœur, cet imbécile, se tord dans tous les sens. sa voix est douce, comme un air de violon, comme celle que j'aimerais avoir, si j'étais quelqu'un d'autre, si j'étais autre part. la mienne est grave et vide, comme celle ayant tout vécu à l'âge de presque vingt ans. j'hésite à lui répondre, de peur de faire s'écrouler le monde de ces notes trop dures. mais j'oublie cette idée, parce que moi au fond, j'ai des bras de mauviette, et une chaise en plastique ne casserait même pas sous mon poids. alors le monde, ça risque sûrement pas.
- je m'appelle luce. et ton prénom, à toi ?
je regarde sa feuille blanc cassé, où elle a gravé un sourire à coups de crayon de papier. et je crois, ou je crois que j'aime bien. je crois que cette femme là a déjà l'air plus heureuse que moi.  
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Babane
Babane
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DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptyDim 26 Juin - 11:34

- je m'appelle luce. et ton prénom, à toi ?
Luce. Ça ressemble à Lune. Le coucher de soleil disparaît dans l'horizon, la lumière quitte le petit port de Marseille qui s'endort pour certains, s'éveille pour d'autres. Quelques-uns partiront à la chasse aux idées dans la pénombre sécurisante de la ville du sud, d'autres chercheront refuge dans leurs maisons, où leur attendent un sommeil qui chassera toute fatigue. Lune. Luce. C'est joli.
- albane. je préfère babane, ça fait rire ou pleurer, à ce qu'on dit.
Le chat cesse de vouloir quelques caresses, il s'éloigne un peu indigné, et saute sur le rebord d'un muret. Je regarde la demoiselle. Ses traits sont fins, et purs, de sa personne émane une certaine élégance, que j'apprécie. Tout en elle révèle une âme gentille et tendre. Ses cheveux sont agités par le vent, quelques mèches volètent dans tous les sens, certains se brisent dans la courbure de son cou, d'autres chatouillent ses oreilles. La lune est désormais la seule source de lumière, les lampadaires de la rue restent éteints pour le moment. Ses rayons argentés frôlent les feuilles des arbres, s'allongent sur les pavés, étalent leur lumière sur les murs. Ils s'infiltrent entre les grains de sable. Je vois aussi les reflets de l'eau, toujours présents, qui envoient une lumière froide à travers le ciel étoilé.
- tu veux bien poser pour moi ? je te dessinerai. avec un sourire, bien entendu.
Luce sous le clair de Lune. Je pose mon carnet, me débarrasse de mon sac. De ce sac je sors une toile, petite, et un chevalet, tout le matériel disponible. Pinceaux, brosses, fusains, crayons, feutres, ils sont tous là, bien rangés. J'aime cette trousse. Noire, simple, elle contient une part de moi. Ma personnalité, mais pas que. Autre chose qui ne m'a jamais effleuré, même pas une fois. Une idée qui s'évapore lentement de cette trousse qui me sert dans mon travail, mais qui ne me vient pas à l'idée. Pourtant je sens qu'elle est là et qu'elle me guette. En touchant ne serait-ce un crayon, j'ai des souvenirs qui remonte. Des choses qui sont censées disparaître au bout d'un moment, elles aussi, mais je réussi à vaincre l'oubli. Chaque crayon, pinceau, un bout de papier, avec les signatures des gens qui sont passés sour le jugement malicieux des instruments qui les représentent. Je ne leur demande pas d'argent. Je leur demande de poser pour moi. Je leur demande de devenir quelqu'un d'autre. Un passant qui rit, une femme qui cueille une fleur, un poète qui déclare ses vers à sa muse alors que c'est un petit ouvrier qui a bien du mérite... Si Luce pose pour moi, je la veux dans toute sa splendeur. Une jeune fille qui goûte la vie avec une liberté dénudée de tous les maux du monde. Une liberté mise à nu, qui ne peut être atteinte. Je ne connais pas Luce, mais pour moi, ça n'a pas d'importance. Peut importe qui elle est. Je veux juste qu'elle me montre son plus beau sourire.
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Luce
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✩ VOLEUSE D'ÉTINCELLES ✩
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DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptyDim 26 Juin - 14:12

peut-être bien que je m'attends, au fond, à la voir s'en aller, s'enfuir dans la nuit, comme une ombre, un soupir. devenir un souvenir ? peut-être bien que j'ai peur d'entendre un, j'ai été ravie de faire ta connaissance luce, mais je dois partir maintenant. pourquoi resterait-elle ? je ne suis qu'une poupée de porcelaine un peu fendue, une inconnue. mes lèvres lui ont donné mon prénom, et mes yeux lui raconteront mon histoire, mais pourquoi voudrait-elle la connaître ?
et pourtant, elle reste là. elle baisse les yeux sur un chat gris, ou peut-être pas, mais il fait nuit. et elle le caresse, en souriant. il finit pourtant par s'enfuir, lui aussi. elle me dit son prénom, avec des diamants dans les yeux et puis des pétales dans la voix. babane. moi je souris, un peu, parce que c'est drôle, babane. elle a un drôle de surnom, cette étoile. mais je ne me moque pas, je souris juste, et mes deux yeux se font un peu plus malicieux, je crois. babane m'observe, de ses deux prunelles sombres et brillantes, et moi je baisse un petit peu les yeux en sentant mes deux joues chauffer et rosir. les regards font toujours s'écrouler cette carapace trop épaisse que j'ai créée, faute d'avoir des armes, une épée. moi, je n'ai que mon regard fuyant et mes dix doigts tremblants pour me protéger mais babane, elle, semble avoir toutes les galaxies à ses pieds. les étoiles, la lune et le soleil tournent au dessus de sa chevelure brune, peut-être châtain ? je ne sais pas bien. la nuit vient graver dans mes prunelles une noirceur infinie, elles qui sont déjà rayées par le noir de mon esprit.
ce regard enflammé a cessé de me calciner la peau et je relève le mien vers elle, vers sa peau pâle qu'on distingue bien au travers du voile qui s'est déposé sur la ville animée. une voiture klaxonne, ou deux peut-être, les lumières des immeubles puis les feux tricolores clignotent au loin, comme des bateaux qui rentrent au pays. puissent ces bateaux m'emmener loin d'ici.
babane ouvre de nouveau la bouche, mais les mots qu'elle prononce m'échappent. elle dit, elle dit qu'elle voudrait me dessiner. pourquoi vouloir me dessiner ? c'est une drôle d'idée, elle a de drôles d'idées, cette étoile-là. parce que le fait est qu'une étoile ne dessine pas un trou noir, un espace béant, dénué de tout sens, de toute couleur. moi, je ne suis pas très jolie, et son crayon ne gravera sur le papier qu'une petite fille transformée en monstre pas les années et la tristesse, une tristesse pourtant bien superficielle. je ne suis plus la malheureuse, mais mes épaules s'obstinent à être lourdes, comme si un poids continuait à peser sur mes os et mon cœur, jour après jour. c'est ce poids là que crée l'idiotie, sûrement.
cette idiotie là grandit encore lorsque moi, de ma voix tremblante, j'accepte doucement. et pourtant, le poids est moins lourd.
- pourquoi pas ... ?
la lune, cette vicieuse, m'aveugle un peu de sa lumière blanche. je me recule lentement, faisant face à babane. elle sort de son sac des trésors un petit peu abimés par le poison amère du temps qui passe. bois fatigué, comme une fleur qui fane, après quelques jours passés à regarder les meubles depuis la table du salon. ses yeux finissent par quitter ce sac et se posent de nouveau sur moi. mon cœur bat un peu trop vite, cet imbécile. il fait vibrer ma cage thoracique trop serrée.
elle vibre, tremble et me hurle de m'enfuir dans la nuit, mais moi je souris et puis mes yeux brillent. pas comme ceux de babane, parce que mes yeux ne seront jamais remplis d'étoiles. mais ils brillent, je crois, comme quand la lune éclaire la mer qui valse lentement.
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Babane
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DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptyDim 26 Juin - 19:38

Deux dans la splendeur nacrée des profondeurs de la nuit. Deux assises sur un muret au bord de la jetée. Deux femmes qui se parlent et qui s'observent, deux femmes qui se taisent et qui font passer leurs émotions dans leurs expressions. Deux qui se rencontrent pour la première fois. Deux. Seules. Deux que le froid enveloppe, avec une étrange chaleur, qui protège des audacieux qui viendrait troubler la paix sempiternelle de la nuit qui révèle ses secret. Plus belles que jamais, vacillantes sous les étoiles. Inaccessibles, redoutées. C'est l'impression qu'elles dégagent. L'océan devient noir pétrole, mais dans ce noir, des tâches blanches, synonyme, encore une fois, d'une pureté qui restera encore vierge de toute présence malsaine. Personne n'ose troubler les eaux noires de la mer. Personne. On préfère rester sur le bord de la jetée, à observer le temps qui s'écoule. L'homme n'a encore aucune prise sur le temps. Pas encore. Il sait s'y soumettre, mais il ne peut le dompter. Cette nuit sera plus longue que toutes les autres, car je prendrai le temps de peindre les traits de Luce. Elle est assise sur le bord du muret, elle est belle, dans ses vêtements simples qui la rendent plus éclatante. Elle accepte que je la dessine, la peigne, enfin, l'immobilise dans un instant qui peut rester dans sa mémoire, si elle le veut. C'est pour cela que j'aime l'art. Il grave dans les esprits les souvenirs qui tombent dans les endroits où l'on ne peut plus les chercher. Les artistes peuvent dompter le temps. Les hommes s'y soumettent.
- tu hésites ? s'il y a bien une chose que l'on doit redouter dans la vie, c'est l'hésitation. des fois, elle nous sauve, des fois, elle nous perd. réagis sous l'impulsivité quand tu penses que c'est nécessaire, mais n'hésite pas trop quand tu as deux choix.
Dans le dessin, et surtout la peinture, aucune erreur n'est tolérée. Un trait de pinceau déplacé, un coup de crayon trop appuyé, ils resteront sur le support pour toujours. On peut toujours le dissimuler. Mais le mieux, c'est de distribuer les traits sans réfléchir. On dessine, on ne pense plus. C'est simple. Je souris à mon modèle.
- assieds toi sous le muret. dans une position qui te plaît. goûte aux plaisirs de la vie en contemplant les constellations qui commencent à poindre.
Je prépare la toile, l'accroche comme à mon habitude sur le chevalet, installe ce dernier et prépare l'eau. Pas celle de la mer, oh, non, le vernis ne la digèrerais pas. L'eau douce, que l'on trouve dans les fontaines de la ville. Je devrais en dessiner une, un jour. Avec Luce, pourquoi pas ? Soudain, j'ai envie de dessiner Luce sous tous les angles, esquisser ses traits fins, coucher sur papier les courbures de son corps. Elle ferais un excellent modèle pour les artistes.
- tu es magnifique. dis moi, Luce, qu'est-ce que tu fais, en ce moment ?
Je pourrais rester des heures, toute la nuit à la croquer. Comme on dit, à la manger. Je vois les rayons de la lune qui s'affaiblissent, un nuage passe par dessous celle-ci pour cacher la lumière recherchée, mais il disparaîtra bien vite. Ma toile prête, mes outils favoris placés, j'inspire, et je plante mon regard dans celui de Luce. Non, vraiment, elle est belle. Elle l'est trop.
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Luce
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DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptySam 2 Juil - 20:19

babane m'observe, un petit peu, pas très longtemps. et puis babane me parle, comme un poème qu'on raconte, comme une mélodie qu'on murmure, à soi même ou au monde entier, à qui veut bien l'écouter. ses mots s'en vont à leur tour valser contre la mer froide, ils s'en vont onduler au gré des vagues. sa voix enlace cet air salé et puis rejoint les ciels sombres parfois déchirés par des traînées d'étoiles blafardes. si ses prunelles m'avaient brûlé la peau, quelques secondes auparavant, peut-être qu'à présent, ce regard là a quelque chose de rassurant. il y a cette flamme, qui brûle tout au creux de ses yeux, qui si on lui donnait une voix, sonnerait comme un tu n'es pas seule qu'on susurrerait là, au creux de l'oreille.
mon cœur bat un peu trop vite dans ma cage thoracique, et j'ai cette impression, comme si des oiseaux y volaient, comme si leurs ailes tintées de noir et blanc frôlaient tout doucement ses parois. c'est un peu comme quand, enfant, je courais le long de la mer et puis laissais les grains de sable danser autour de mes pieds, même si ça chatouillait un peu. lorsque je les laissais tournoyer, juste parce que personne n'avait jamais valsé comme ça, rien que pour moi, et que des oiseaux semblables volaient autour de mon cœur, alors que l'air m'engouffrait de toute sa grandeur.
je cherche mes mots, un petit peu, mais jamais ils ne passeront la barrière de mes lèvres invisibles aux yeux de cette nuit aveugle. mon silence se fera le plus bruyant, probablement, et raisonnera entre les murs de la ville, comme un écho, comme un merci, merci babane pour tes mots qui sonnent comme une mélodie, et qui apaisent mes maux à moi, aussi.
elle me sourit. et je souris. je souris à la lune, et puis aux galaxies, mais surtout, je souris à l'inconnue aux doigts tâchés, la possesseuse du ciel et des constellations, celle pour qui les planètes dansent, là-haut , entre les milliers de galaxies qui se bousculent, pâles et brûlantes, comme des lèvres qui se posent sur la joue.
de sa voix assourdie par les bruits de la nuit, elle m'explique ce que je dois faire. je m'assieds en tailleur puis tourne mes prunelles vers le ciel, vers le soleil mort, vers la lune blême et les étoiles qui tournent, qui se jettent à ses pieds. la lune est une vicieuse, la lune éteint nos yeux et s'inscrit dans le noir des âmes.
la voix de babane s'élève de nouveau dans l'air tiède. elle me dit que je suis magnifique, mais il me semble que je ne la crois pas. il me semble que j'en aurais envie, de tout mon cœur, je le souhaiterais. mais je n'y arrive pas, parce que je suis un fantôme, car je suis un monstre de tristesse, et que dans mes yeux hurle la détresse. elle veut aussi que moi je parle, elle me pose une question, une question tellement banale.
moi, d'abord, je n'ose pas ouvrir la bouche de peur de gâcher son tableau, comme si mes lèvres allaient déchirer sa toile, la laissant vide à jamais. puis j'hausse les épaules, mes yeux toujours fixés vers cette immensité.
- eh bien.. moi aussi, je peins. moins bien que toi, mais je peins.
c'est ce que je préfère au monde, je crois. je fais des études d'art, d'ailleurs. puis, parce que je suis bien obligée, je bosse dans un kebab, à côté de ça.

je lâche un rire, un peu cassé.
- pas très flatteur, n'est-ce pas ? je déteste ce travail là.
j'omets aussi de lui dire que je travaille dans trente minutes. parce que je m'en fous. oui, là, je suis bien et puis je m'en fous, je m'en fous de tout. sauf des coups de pinceau qu'elle jette sur sa toile, sauf des étoiles.  
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Babane
Babane
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DESSINE MOI UN SOURIRE  EmptyLun 18 Juil - 16:49

Les poils de mon pinceau se dressent sur la toile, après avoir délicieusement plongés dans les méandres de la peinture. Je balafre la toile, d'un coup par-ci, d'un autre par là. Les couleurs se mélangent sur la toile, formant peu à peu une jeune femme au sourire éblouissant dans le déclin de la journée. J'aime la texture de la toile et les sortes de plis de la peinture sur celle-ci lorsque tout vient d'être déposé. Déjà, il y a l'odeur. L'odeur du nouveau, d'une chose qu'on vient de créer et qui jamais ne disparaîtra complètement. Puis, il y a les bulles, sortes de défauts sur une toile mais elles apportent une touche pétillante que j'adore, comme le champagne. Le champagne possède des bulles. Elles meurent en éclatant dans nos bouches mais avant cela elles accomplissent quelque chose. Elles prouvent aux hommes, nous, donc, à savourer un instant. J'ai toujours pensé que si les gens buvaient ce genre d'alcool lors des grandes occasions, c'était pour apprécier encore plus ce qui était fêté. Les bulles du champagne sont donc comparables à celles de la peinture, et par conséquent elles permettent à l'observateur de regarder plus en détail l'oeuvre qu'il a devant lui. Les experts cherchent toujours les défauts, et ils se penchent souvent vers les bulles, qui sont soit volontaires ou non désirées. Faites un travail remarquable en mettant très peu de bulles et ceux qui inspectent votre toile chercheront tous les détails originaux, malsains, que sais-je. Ils passeront donc par les courbures les plus remarquables, les éléments les plus majestueux et rédigeront une critique vantant votre exploit, oubliant la seule petite anomalie qui n'aurait pas du se trouver là. C'est vicieux, mais au fond, ça vous rapporte gros. Mais ce soir, là n'était pas mon but. Je cherchais à mettre Luce en valeur, plus que toute personne que je n'ai jamais peinte, car elle avait en elle une chose, je ne saurais le dire, qui vous frappait en plein cœur. Quelque chose que vous ne pouvez pas voir, ni entendre, ni même sûrement comprendre. On sait juste qu'elle est là, cette chose. Alors, lorsqu'elle me dit qu'elle fait de l'art, pile quand je lui crée une mèche de ses magnifiques cheveux, je suspends mon geste. Plus courte, cette mèche. Petite variante dans cette toile. Luce, assise sous la lune, contemplant les étoiles, assise sur un muret. Comme on dirait, une étoile parmi les étoiles. A ce qu'elle dit, elle peindrait bien moins bien que moi. Oh, je ne peux pas la contredire, je ne sais pas comment elle peint. Et puis elle sait juger son travail bien mieux que n'importe qui. Mais je demeure persuadée qu'au fond, elle est remarquable. Rien que sa présence fait d'elle une personne remarquable. Des études d'art ? Elle ne doit pas être des plus mauvaises, dans ce cas. Certes, un boulot dans un kebab, ce n'est pas des métiers les meilleurs, mais c'est révélateur. Si elle a le courage de continuer ses études avec un travail aussi nul, c'est qu'elle a de la volonté. Elle veut faire ça. De l'art. Quelque part, c'est bien mieux qu'autre chose, bosser dans un kebab. Y a pire comme métier, c'est ce qu'on dit aussi.
- et autrement, quel métier tu voudrais faire ? je suis luthier, j'ai fais mes études à Mirecourt, dans l'Est de la France, là. Maintenant, je dessine. Et j'ai un sujet absolument remarquable.
Je jette un coup d'œil vers la mer. je la trouve un peu inquiétante.
- pas terrible, cette immensité, finalement. on a jamais ce qu'on veut. tu veux voir ton portrait ?
Souvent, je propose à mes modèles de voir où j'en suis rendue, mais tous veulent avoir la surprise. J'ai une autre idée.
- si tu veux, tu finis ton portrait, avec mes outils, et tu le termines avec moi. un mélange de nous deux.
Il manque juste un œil, un bras, une partie des cheveux et... un sourire.
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