flingué au berceau.

prénom(s): zaïm. un rêve noircit par des centaines de mégots-déceptions. un nom qu'a fini par s'effriter entre tes lèvres comme les cendres du premier bédo de la journée. goût amer, souvenir éphémère qui s'écrase sur un bout d'terre camouflé sous du béton armé.

nom: rahir. consonance maghrébine corrosive, étiqueté banlieusard à la dérive.

âge: dix-huit cicatrices camouflées, recrachées sur les pages d'un univers factice - ou à la gueule des filles faciles, à l'arrière de la supérette, quand son âme est ensevelie sous les vices.

date/lieu de naissance: bobigny est. amoureux de son ghetto natal, y'a comme une beauté brute qui l'inspire entre les squats sales, la beuh, le gris des tours, les graffs sur les bus, les « v'nez les gars, y'a baston en bas ! » mais tout ça ne lui manque pas. t'façon la même atmosphère brûlante et oppressante trace des liens invisibles entre chaque tess de france.

origine(s): algérie. c'est écrit dans son regard de révolté, sourcils froncés (il sourit avec l'âme) qu'il est fier de son pays. l'maillot des fennecs sous son sweat nike '08, le dialecte écorché par ses cordes vocales devenues trop douces pourtant.

étude(s)/emploi(s): redoublant TES + sinistre rêveur + caissier à la supérette de M. Guardzi ça gratte ses peines indélébiles sur des pages et des pages. ça fait rimer le rythme de son coeur sur le beat de la rage. ça emboîte des fragments d'histoires et ça se noie sous le tsunami d'inspiration des gosses aux gueules qui hurlent "dépression". zaïm est un poète dans ses songes, bien vite troublés par les mensonges qu'il déblatère d'vant le gérant de la supérette - abasourdi par le par-terre de feuilles et de mots jolis.

situation civile: a) ses cheveux trop longs qui lui giflent la gueule à chaque brise, à chaque escapade nocturne ils redécouvrent marseille et ses open mics, ses combats de rue, ses squats chaleureux et ses boîtes bondées sans vie. b) silhouette féminine dont l'élégance est gâchée par cette envie incompréhensible qui la dévore, le désir d'enterrer son coeur sous des litres de makeup bon marché. des lèvres gercées s'étirent lentement à la vue de la beauté, intrigué par ses démons camouflés quand elle va au lycée.

situation familiale: à la maison c'est bruyant, y'a toujours des cris, des babouches qui volent et des insultes qui raclent la gorge, qui s'accrochent et qui se crachent difficilement. y'a pas de mots gentils, ici on exprime son amour en gueulant - les sentiments sont toujours trop forts. papa aime maman, papa cris. maman aime kaïna, maman tape. kaïna aime zaïm, kaïna claque des portes. zaïm aime kaïna, zaïm répète "pute, pute, pute"

situation financière: vagabond éternel, épuisé par le brouhaha permanent et le manque d'espace étouffant. mains dans les poches, capuche sur casquette sur crâne sur cerveau liquéfié, coeur sur la main et l'âme dans le regard. idriss, sarah, doums, fares, conrad. playstation, netflix piraté, soirée enfumée, courses au marché, bagarre stupide. doigts sales et gelés plongés dans l'grec de la veille, le corps reposé contre un mur - il a la tête encore plus dure de toute façon.

réputation au lycée: il est gentil zaïm. il t'aide à frauder quand t'es en retard ou il t'file sa dernière clope parce que tu bad.

zaïm est toujours en retrait, l'ombre de sa casquette qui voile l'étendue de ses bonnes intentions et qui reflète tout l'inverse, aux yeux des autres. parce qu'il faut du temps pour décrypter sa démarche, atteindre la carte mère. beaucoup, beaucoup, beaucoup.

sinon, pour la plupart, c'est juste un cas désespéré qui n'a pas su se démerder pour décrocher son bac et qui passera sûrement l'éternité dans les couloirs du lycée, à y cracher ou à le nettoyer.

avatar: majid al maskati.