TAKE A CHANCE (BLANOÉE)

14h56, cours d'histoire des arts.
élèves ternes et fatigués, élèves aux bras tirés vers le bas, qui ne réfléchissent pas, qui ne réfléchissent plus. qui ne pensent qu'à l'heure d'après, qu'aux joints qu'ils pourraient fumer, qu'aux conneries qu'ils pourraient encore faire, et ne pas assumer. élèves qui me font esquisser un léger sourire en coin. ils attendent, subissent, prêts à vivre, juste retenus par le fil d'une leçon qu'ils n'ont pas choisi, d'un sujet qui ne les intéressent en rien, d'une prof qui ne leur fait pas lever un regard intéressé. j'observe autour et n'écoute plus, mon stylo bleu dans ma main droite qui dessine un peu maladroitement des cercles par ici, des formes indécises par là, des idées farfelues partout, éparpillés sur la feuille quadrillée. rien de logique, rien de précis, juste ces envies qui me traversent audacieusement l'esprit. mes yeux traversent la pièce, sautent de table en table, mais toujours s'arrêtent un instant sur cette crinière rose qu'est la tienne, sur ces brins dont on perçoit les racines brunes et ses ondulations lâchées sur tes épaules dénudées. et toujours vient cette certaine intimidation, mêlée à de l'admiration grande, aussi belle que ton audace envers le monde et au-delà. je pense que je bloque un peu trop longtemps, sûrement, que je m'égare de trop dans ton visage si enfantin au charisme pourtant si mature, aux traits doux, aux mille couleurs qui t'entourent. aux mille couleurs que je semble être la seule à percevoir, à contempler, à envier. aux mille couleurs qui ne font que m'attirer.