♡ YOU CAN HIDE BEHIND PARANOID EYES ♡

Invité

mes sœurs bien accrochées à mes deux bras, comme des oiseaux de papier à tout moment prêts à s'envoler entre les ciels bleus, je ris doucement de ma bêtise. comme si un vent mortel allait valser dans l'air de marseille, entre les immeubles gris. oui, comme si un monstre allait surgir de derrière mon dos, je les tiens très très fort. elles tentent de se dégager, par peur des regards indiscrets, des bouches qui parlent trop. mais moi je les tiens fermement, et de ma voix trop douce, tente de leur expliquer que ce n'est pas prudent. elles ne sont pas d'accord, elles roulent des paupières et leurs cils battent six fois d'affilée. et ce ridicule là me fait sourire encore plus, à moi.
dans le ciel, le soleil est trop grand, trop vicieux. cette étendue, trop bleue. l'air est sec, comme mes lèvres fatiguées de parler dans le vide.
je n'aime pas ce quartier, les murs sont trop gris et trop tagués. je n'aime pas ce quartier, les voitures poussent des hurlements rocailleux et toussent de la fumée grisâtre qui s'immisce dans les poumons et finissent par y valser. les visages sont trop tristes, les yeux sont trop glacés et les mains aussi sales que ces immeubles dégueulassés par le temps, et par les gens, aussi. à cette heure là, c'est plus calme que d'accoutumée, mais même le silence raisonne au travers des murs, se transformant en un bourdonnement constant, en murmures étouffés. mes sœurs se plaignent, encore, mais je ne les écoute plus. je n'écoute plus que la chanson amère du vent qui me brise les tympans.
puis un pas régulier vient s'y ajouter, et une voix trop grosse. rictus au coin des lèvres et puis une peau blême, wajid, prince des cités, se plante devant nous, comme le con qu'il est. mes sœurs ne parlent plus et moi, je lâche un rire.
- un problème, wajid ?
ironie dans ses traits et sarcasme dans sa voix, wajid, je ne le supporte pas.

mousquepute 1 jour mousquepute tjrs lol ♡ messages : 963

les poings dans des poches à moitié trouées qui contiennent toujours c'même paquet d'clope défoncé servant à rassembler ces roulées à la contenance bien trop douteuse, l'briquet du jour et deux-trois capotes, juste au cas où, ça sert toujours. matériel nécessaire et destructeur dont on préfère croire l'effet inverse. faut être optimiste, faut prendre des risques. faut jouer au pseudo-aventurier en carton juste pour attirer l'attention. attirer l'attention des gonzesses, attirer l'attention des cons pour qui déclinent leurs pensées audacieuses. attirer l'attention d'cette brune là-bas au loin que j'pense reconnaître, bien qu'son visage affiche un tout autre air. alors j'avance, j'avance, sourire de fouteur de merde aux lèvres.
sourire qu'on connaît mais qu'on approche pas,
sourire qui rit avant même de se poser sur toi.

- je l'savais.
ça t'va tellement mieux c'rôle de gamine fragile.

mais qu'est-ce que tu fous là comme ça, yousra ?
j'pensais qu't'étais fade, plate, un peu comme toutes les autres.
peut-être que tu finiras par vraiment m'intéresser.

- depuis quand t'en as quelque chose à foutre des autres, dis-moi ?

peut-être qu'au fond, tu sauras m'captiver.

Invité

c'est vrai qu'il a l'air malin, avec sa gueule de gamin des cités, sa mâchoire carrée. c'est vrai qu'il est intimidant, ses poches sont trouées, ses ongles y sont plantés et ses crocs sont sortis. un incendie ravage ses prunelles. mais ça, ça doit être les flammes du mépris qui brûle en lui, je n'en doute pas un seul instant.
je souris un peu plus et roule des paupières, me donnant un air d'enfant timide. je fronce le nez, le front aussi, et puis fais mine de réfléchir. quelques instants, rien que quelques instants, c'est suffisant.
- attends, wajid. tu pourrais développer cette expression que tu as utilisé ?
« les autres », tu as dit ? par là, est-ce que tu veux parler des gens comme toi ou bien de ceux qui sont...
je marque un arrêt, je ressers mes sœurs contre moi. puis mes sourcils se froncent, et un rictus naît au coin de mes lèvres.
l'insolente.
- ah, le mot m'échappe !
je m'éternise, mes bras valsent dans le vent et mon regard s'y perd. juste parce qu'à mon goût, son mépris n'était pas assez grand.
- sympas ! c'est le mot, je crois. les gens qui sont sympas. tu te souviens ? peut-être que ça te dit rien, je sais vraiment pas.

mousquepute 1 jour mousquepute tjrs lol ♡ messages : 963

j'sors une roulée déjà toute faite, surtout mal faite. à l'arrache, à l'habitude. j'l'allume maladroitement tout en tentant d'aligner un pas devant l'autre, un oeil infiniment moqueur toujours dirigé vers toi.

- fais pas la maligne, ma douce. tu m'connais pas. et viens pas m'dire que t'en as d'jà vu assez, ça marche pas avec moi.

ton air faussement hautain et pseudo-intelligent pourrait m'foutre des haut-le-cœur. mais à la place, il m'fait persister, attise ma curiosité, alimente mon intérêt pour toi. j'sais pas vraiment pourquoi. on m'attend, pourtant. ça fait deux ou trois fois que j'entends mon sony vibrer dans ma veste, mais j'ignore. j'ignore pour rester un peu plus en compagnie d'une môme au regard fuyant mais qui pourtant tente sans relâche, môme qui change finalement des autres, môme qui cache beaucoup et ne prend pas la peine de montrer quoique ce soit.

- aussi, si tu pouvais éviter d'te comporter comme une sale minette bourrée d'fierté à deux balles, ce serait mieux. t'en as pas besoin.

j'expire une fumée toxique et épaisse, mais rit intérieurement, silencieusement. mes yeux parlent d'eux-mêmes, mes iris qui brûlent s'amusent de la situation. tu sais pertinemment qu't'as pas à faire tout ça. à suivre la foule, à jouer un rôle. ok, c'est drôle. pour moi, du moins. j'vais t'tester un peu, et on verra qui sera le plus malin.

Invité

il me crache ses mots comme le plus douloureux des poisons, un poison qui s'immisce lentement dans le cœur des vivants. un rictus insupportable naît sur la peau blême de son visage, étire ses deux lèvres trop pâles. ses yeux s'ouvrent un peu plus, un peu plus grands, un peu plus sanglants. les pupilles dilatées et la voix tranchante, il vomit ses mots sur le bitume gris et sale du beau marseille dans lequel on vit. il se fait lanceur de couteaux, mais moi je n'y vois que du vide, que des mots en l'air, qui s'échappent au gré du vent tiède qui frappe nos visages. le clown veut jouer, et moi je veux gagner. deux pantins dont les fils sont tirés par le ridicule en personne, ridicule qui s'étend dans la cage thoracique, qui atteint la trachée et qu'on laisse s'échapper en même temps que nos paroles pathétiquement débitées.

- alors, comme tu l'as dit, toi et moi on ne se connait pas wawa, alors tes "ma douce", tes "minette", et puis tous tes mots doux, tu les gardes tout au fond de ton cœur si tendre ou bien tu t'les fous là où j'pense, ça devrait aussi bien faire l'affaire.

la honte m'envahit, le temps d'un court instant. honte de devenir actrice rien que pour ses beaux yeux, honte de me prêter à ce jeu. la princesse devient grenouille, ou bien-même serpent. serpent empli d'un venin amer, qui achève et pétrifie, juste comme ces mots qui crispent les visages dorés de mes deux sœurs, les princesses aux gestes calculés et aux mots doux et mielleux, prononcés comme des merveilles, les précieux.
je lève un peu les yeux au ciel puis hausse les épaules, je plante mes prunelles dans celles de ce fantôme blafard à l'âme translucide. mon sourire grandit, et ma fierté se tasse, déborde de mon cœur et fait trembler mes doigts.

- et au niveau de la fierté wajid, penses-tu avoir des conseils à me donner ? je pense plutôt que t'es l'exemple même de la fierté mal-placée, parce qu'il faut bien ça pour trouver le courage de venir emmerder une minette comme moi qui, tu le sais, ne te respecteras absolument pas.

et les mots sont jetés comme des poignards dans le dos, de cette voix sèche qui ferait vibrer les tempêtes. je claque un petit peu mon talon sur le sol, lentement, tout sourire. mes cils roulent, mes cheveux dansent contre ma nuque, et les flammes ardentes qui brûlent dans les yeux de wajid grandissent encore, encore un peu, s'étendent jusqu'aux cieux. incendie sans fin, incendie affamé, j'en devient le charbon, je nourrie la colère et l'orgueil rien que pour voir la victime prisonnière de ces cercles de feu exploser. bombe à retardement, sable qui s'écoule lentement, sablier qui se fend.
nous sommes deux serpents qui se crachent au visage leurs venins mortels, leurs mots trop gros pour ces corps trop frêles.

» (bambi) glazed eyes
» EYES SHUT (WAJILA)